Mardi 19 mars 2019, les enfants de CM1-CM2 B se sont rendus à la médiathèque et ont rencontré les comédiens du Théâtre Piba, qui mettent en scène et interprètent la pièce Les échelles de nuages, écrite par Dominique Paquet.
En résumé, l’histoire se passe en Chine. Un soir, Zao Ming confie à son ami Shen You qu’il ne restera pas une heure de plus chez lui. Pourquoi ? Parce que la Chine change trop vite, l’argent commande tout, ses parents en sont devenus les esclaves et ne s’occupent plus de lui. Son ami le suit. Ils iront, d’épreuves en épreuves, jusqu’au bout du monde avec comme compagnons de route des pinceaux et des mots pour dire le monde comme il va et comme on le rêve.
Echanges avec les comédiens
Les élèves ont pu exprimer leurs impressions de lecture avec Typhaine, comédienne dans la compagnie Piba qui joue le rôle de Shen You et Léo Guillerm, qui interprète Zao Ming, celui qui veut partir.
L’adaptation du texte en breton a été faite par Aziliz qui était également présente. Les comédiens ont confié aux enfants qu’ils avaient eu besoin de lire le texte plusieurs fois afin d’accéder au sens de l’histoire.
Voici quelques réactions des élèves après avoir lu la pièce :
« C’est bizarre…
Un monde imaginaire !
C’est leur imagination qui leur joue des tours.
Ils ont la tête dans les nuages.
Ils croient qu’ils sont les héros d’une histoire racontée par d’autres enfants.
Pourquoi leurs têtes ont-elles disparu ?
Combien de temps dure le voyage ?
Pourquoi le poisson avait-il la tête de l’instituteur ?
Pourquoi la tresse de la grand-mère les faisait dormir ?
Qu’est-il arrivé à leur famille ?
Pourquoi croient-ils que le monde est plat ?
D’où vient la fièvre ? Comment cela a-t-il passé ?
Comment peut-on lire sur une carapace de tortue ?
Je n’ai pas trop compris les deux derniers chapitres de l’histoire. »
Certains enfants se sont montrés un peu étonnés par cette histoire, qui se déroule entre rêve et réalité. Ils ont quand même été impatients d’en connaître le dénouement…et se sont posé de nombreuses questions à l’issue de la lecture, sur le sens du texte, tout comme les comédiens.
Pourquoi ce titre ?
Les échelles de nuage, cela évoque le rêve, …
En réalité, c’est la traduction d’un mot chinois pour dire quelque chose de concret : cela renvoie à une expression qui décrit des échelles réellement utilisées il y a plusieurs siècles qu’on plaçait contre les parois des châteaux forts pour donner l’assaut (quand il y avait la guerre).
Dominique Paquet a voulu utiliser cette expression pour jouer avec les mots.
Zao Ming signifie : forger son destin.
Les enfants ont réfléchi sur la notion de destin : « C’est le futur qui se fait tout seul sans qu’on puisse vraiment décider. C’est quelque chose qui est prévu à l’avance, un avenir qui serait écrit. » Or, lui veut décider de ce qui va lui arriver.
Shen You veut dire le voyage de l’esprit – Les choses lui conviennent mais … il accepte quand même de suivre son compagnon par amitié.
Les deux personnages sont comme le Ying et le Yang, l’un ne peut voyager sans l’autre. L’un ramène l’autre à des réalités concrètes, et l’autre fait rêver l’un.
A la fin, quand ils sont assis au bord du monde, ils se redessinent un reflet, un visage, ils se redonnent la vie qu’ils ont envie d’avoir. Devant ce rien, ils vont le remplir avec leur histoire. C’est un monde imaginaire partagée à deux.
Quelques éléments pour comprendre l’histoire
Dans la pièce, il y a beaucoup d’images.
Zao Ming veut partir car toute sa famille a changé son mode de vie.
Shen You va le suivre pour être avec lui. A un moment, il tombe malade et on peut se poser la question de la gravité de la maladie (Il guérit avec une tasse de thé).
On peut penser que les enfants sont en train de jouer, ce qui explique l’intervention des éléments fantastiques dans l’histoire et une guérison miraculeuse.
Ils sont très seuls. Il n’y a que deux personnages, pas d’école, pas de famille, pas d’animaux, pas de paysan. Les enfants grandissent au fur et à mesure de leur voyage, et pendant ce temps, les choses changent. Shen You n’est pas gêné par ce changement. Pour Zao Ming, c’est différent. Dans le jeu, les enfants s’évadent car personne n’est là pour leur dire quoi faire, les choses n’obéissent pas à des réalités concrètes.
Les événements étranges leur permettent de se souvenir du passé, de tourner les choses en dérision. Ils ingèrent le passé et cela reste en eux. C’est ce qui se passe lorsqu’ils pêchent un poisson qui a la tête de leur ancien instituteur. Ils réussissent quand même, certes avec difficulté, à le découper et le manger afin de survivre.
De nombreuses aventures
Quand ils se regardent dans la rivière, les enfants s’aperçoivent qu’ils n’ont plus de reflet.
Ils lisent dans une carapace de tortue.
Shen You est très attaché à la tresse de sa grand-mère qu’il emporte avec lui dans ce voyage improbable.
Quand Shen You tombe malade, cela leur permet de faire une pause, ils s’entraident. Tous les deux peuvent se débrouiller seuls, ils affrontent ensemble les épreuves qui les attendent.
Un peu de vocabulaire
Les didascalies : ce sont les indications de mise en scène, qui vont aider les comédiens à jouer la pièce.
Dans le théâtre radiophonique, les comédiens disposent de beaucoup de micros, pour la bouche, le corps et les pieds. Des objets permettent de créer l’ambiance dans les différents tableaux. Les spectateurs disposent de casques audio.
Pour voir la pièce :
Les enfants ont été invités à venir voir la pièce le mardi 26 mars à la salle Avel Vor à Plougastel à 20 heures.
Les comédiens ont lu le tableau V, puis comme Shen you et Zao Ming, au cours de leur voyage, les enfants ont joué à inventer des titres poétiques.
En voici quelques-uns, directement sortis de leur imagination :
L’oiseau de feu, le gobeur de bâtiments, de pays ou de planètes, la porte qui s’ouvre, un psychopathe lécheur de pied, un mur de chaussures, l’épingle à nourrice, le chat tueur, le p’tit mammouth, un bébé râleur, ma nouvelle maman, le poussin contre le doudou, un canard beaucoup trop bavard, ma vie, un voleur de vache, une limace à la ramasse, l’assaut des lunettes, la révolte des cloportes, la chance …
Avec des verbes …
La peluche se réveille, un enfant sage qui disait des gros mots, j’ai perdu une dent, j’ai mangé ma grand-mère, le cow boy qui ne savait pas monter à cheval, l’arbre qui ne pousse pas, l’argent ne tombe pas du ciel, je suis toi tu es moi, le futur n’est pas écrit…
Pour finir, les comédiens ont demandé aux enfants de réaliser un dessin sur la pièce ou d’illustrer une scène qui les a marqués, ceci afin de garder trace de cet échange particulièrement intéressant et riche en réflexion.